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Moyens Obscurs

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MP07/CO003

Le Luminocapteur

 

D�couvreur: Philippe Guillot

Image non disponible

Notes

   On conna�t �norm�ment de d�tails de la vie et de l'œuvre de l'illustre savant Axel Wappendorf. Pourtant, bien des choses qui furent tenues secr�tes et qu'aujourd'hui encore peu de personnes connaissent, furent d�couvertes par la suite dans sa correspondance.

   Il s'agit en l'occurrence d'une d�couverte relat�e dans la longue correspondance qu'�changea le g�nial inventeur avec son ami Michel Ardan et plus que la d�couverte en elle-m�me, il semble que ce soit la repr�sentation de celle-ci que l'on ait voulu cacher.

   La lettre a �t� d�couverte dans l'arri�re boutique encombr�e d'un bouquiniste et antiquaire de Buenos Ayres nomm� A. Caesars Bioy, entre les pages d'un ouvrage de B. Domecq intitul� "Deux fantaisies m�morables" juste � la s�paration des deux r�cits qui constituent le livre: La M�moire et Le Signe. La personne qui a d�couvert cette lettre n'a sans doute jamais os� la faire dispara�tre. Pourtant on ne comprends toujours pas pourquoi l'image qui reproduisait l'invention ne fut quant � elle jamais retrouv�e.

   Appel� comme on le sait par les administrateurs de l'observatoire du Mont Michelson pour perfectionner un de leurs t�lescopes, Axel Wappendorf s'�tait plong� avec tout son g�nie scientifique dans l'�tude de l'optique , et plus particuli�rement la catoptrique, la dioptrique et la spectrographie. En achevant sa t�che, il pensait d�j� � l'�tude de l'observation du firmament et des astres en vue de leur exploration. Il se lan�a alors dans la conception d'un appareil qui permettrait de conserver l'image des cieux observ�s afin de pouvoir dresser des cartes et pr�parer la route du long voyage vers les �toiles.

   Le peu de luminosit� du ciel nocturne l'incita � vouloir trouver un proc�d� qui permettrait la capture du moindre grain de lumi�re. Le plus compliqu� fut de trouver la plaque sensible et l'alliage de m�taux rares qui conserveraient le mieux aussi peu de lumi�res. A force de nombreuses exp�riences � l'aide de lentilles taill�es sp�cialement � cet effet et de prismes photoniques con�us par son coll�gue Chlowsky, Wappendorf mit enfin au point son luminocapteur. A l'aide de cet appareil r�volutionnaire, il �tait d�sormais permis de prendre, m�me par une nuit sans lune, l'�quivalent de photographies �clair�es au flash � phosphorescence.

   Wappendorf envoya un des derniers prototypes de son invention � son ami Michel Ardan en lui demandant de bien vouloir l'essayer et le tester. La lettre retrouv�e � Buenos Ayres relate les bien �tranges d�couvertes qu'Ardan pu faire au moyen de l'invention de Wappendorf...

 

P�hry, ce XIV mai.

                          Professeur,

          J'avais quitt� mon domicile P�hrysien et me trouvai � Mylos pour un travail de commande quand je re�us le colis que vous me f�tes parvenir. Le temps qu'il m�t pour venir jusqu'� moi et tout ce qui arriva par la suite explique le retard de mon courrier, et je vous demande de bien vouloir m'en excuser.

          Je ne sais comment vous faire part de l'�motion qui m'envahit lorsque je d�couvris votre appareil. A dire vrai, le luminocapteur correspond � ce que j'ai toujours attendu! Pouvoir aller chercher la lumi�re dans ses plus infimes manifestations et r�v�ler ces images � la science et au grand public repr�sente un progr�s � la hauteur des ambitions de notre soci�t� tourn�e tout enti�re vers le futur.

          Suivant vos conseils et vos plans, je commen�ai par rassembler ses �l�ments - ce fut un jeu d'enfant - et mis � profit la premi�re  nuit sans lune pour en faire le premier usage. Je d�cidai de placer le luminocapteur au sommet d'une des plus haute chemin�e de Mylos, dans les nouveaux quartiers non encore �clair�s. Je v�rifiai dans le viseur une ultime fois et m'appliquai aux derni�res mises au point. Enfin, je d�clenchai le capteur, en respectant le temps de pose.

          Je rentrai aussit�t et imm�diatement me mis � d�velopper la plaque selon vos indications. L'image peu � peu commen�a � se mat�rialiser, et ce que je vis alors, en ce moment encore je ne peux y croire.

          Sous mes yeux incr�dules se r�v�lait l'image nocturne et pourtant pleine de d�tails de la ville endormie. Mais ce qui me stup�fia, ce fut de constater l'ombre gigantesque d'une structure �trange, un peu dans le style architectural de Xhystos. L'examinant de plus pr�s, je crus y voir une haute tour fine et a�rienne. Le mat�riau utilis� pour sa construction me parut �tre de m�tal comme le fer ou le Chrome. Cependant, on ne trouve aucun �difice de cette sorte � Mylos. Je crus sur le coup �tre atteint d'une forme rare de Xhystite: tous mes sens s'enivraient.

          Je ne voyais plus qu'une chose � faire: rejoindre notre ami Stanislas Sainclair et lui demander de m'aider � fouiller les archives de l'Echo des Cit�s � la recherche d'indices qui nous permettraient d'identifier cette myst�rieuse tour.

          Finalement, nous d�couvr�mes des informations pr�cieuses dans le dossier "Joseph Abraham". Vous vous souvenez certainement de ce jeune m�decin venu poursuivre ses �tudes � P�hry et condamn� � la peine capitale � l'issue d'une �trange affaire. Parmi les lettres qu'il envoyait � sa fianc�e Clara et que nous d�couvr�mes jointes au dossier, se trouvait une carte illustr�e repr�sentant la construction d'une immense tour d'acier avec cette l�gende: "La Tour Effil�e, �rection de quatre pyl�nes". Assur�ment, la carte venait de P�hry, mais rien ne permet d'affirmer que la construction est bel est bien P�hrysienne. Au contraire, j'ai suffisamment moi-m�me sillonn� cette cit� ma vie durant et je n'ai jamais vu ou entendu parler de cette Tour Effil�e!

          Mais il ne fait maintenant aucun doute que l'ombre qui barre l'image que j'ai prise avec le luminocapteur est celle de cette tour! De quelle m�moire est-ce le signe? Vous et moi, professeur, nous commen�ons � croire fermement � cette id�e qu'il existe des lieux de passage. Auriez-vous invent� un appareil qui permette de les localiser?

          Je vous communique tout tremblant ces d�couvertes et fait appel � votre autorit� pour expliquer comment le fant�me de cette Tour Effil�e a pu, dans le noir absolu de cette nuit, se superposer aux murs de Mylos ainsi que pour savoir ce que vous pensez de ma suggestion car pour ma part, je ne sais plus que penser...

          Avec tous mes respects, cher professeur, je reste votre fid�le et d�vou�.

Michel Ardan