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Là-bas, dans les futaies, au pied des collines brunes et velues de l'occident, deux
rondes prunelles de feu éclatent et resplendissent comme des yeux de tigre.
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Ici, au bord de la route, voici un effrayant chandelier de
quatre-vingt pieds de haut qui flambe dans le paysage et qui jette sur les rochers, les
forêts et les ravins, des réverbérations sinistres. Plus loin, à l'entrée de cette
vallée enfouie dans l'ombre, il y a une gueule pleine de braise qui s'ouvre et se ferme
brusquement et d'où sort par instants avec d'affreux hoquets une langue de flamme.
Ce sont les usines qui s'allument.Quand on a passé le lieu appelé "La Petite
Flémalle", la chose devient inexprimable et vraiment magnifique. Toute la vallée
semble trouée de cratères en éruption. Quelques-unes dégorgent derrière des taillis
des tourbillons de vapeur écarlate étoilée d'étincelles ; d'autres dessinent
lugubrement sur un fond rouge la noire silhouette des villages ; ailleurs les flammes
apparaissent à travers les crevasses d'un groupe d'édifices.
On croirait qu'une armée ennemie vient de traverser le pays, et que vingt bourgs mis à
sac vous offrent à la fois dans cette nuit ténébreuse tous les aspects et toutes les
phases de l'incendie, ceux-là embrasés, ceux-ci fumants, les autres flamboyants. Ce
spectacle de guerre est donné par la paix ; cette copie effroyable de la
dévastation est faite par l'industrie. Vous avez tout simplement là sous les yeux les
hauts-fourneaux de M. Cockerill. |
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Victor Hugo, 1838-1839
in Industria - Architecture industrielle en Belgique
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